#Guilty Tags : Innocence en Danger lance une vaste campagne sur Instagram contre la maltraitance des enfants.

Les médias en parlent cette semaine, les murs du métro parisien vont afficher une campagne choc de l’association Innocence en Danger qui nous interpelle directement dans la lutte contre les violences faites aux enfants.

guilty tags

Capture d’écran compte Guilty Tags (https://instagram.com/guiltytags/)

 

L’innovation porte sur le choix du support numérique. La campagne se fait sur le réseau social Instagram, compte Guilty Tags. Neufs photos d’enfants plutôt en bas âge, beaux, souriants, innocents, nous incitent à cliquer sur chacune d’elle. On découvre alors une histoire dramatique, qui se dévoile petit à petit. A la fin l’enfant est mort sous les coups d’un parent violent. Autour de ce parent, des proches, famille, amis, voisins avaient bien vu des signes parlants, des bleus sur le corps ou des pleurs  récurrents par exemple. Personne n’a réagi pour sauver l’enfant. Les histoires sont fictives, mais inspirées d’histoire vraies. Depuis seulement ce début d’année, l’association a été saisie de 15 dossiers d’enfants morts sous des coups violents. D’autres photos suivent, d’autres histoires mettent en cause famille, voisins, enseignants, camarades de classe des victimes et même services médicaux.

Innocence en Danger est catégorique : notre silence est coupable, la responsabilité est collective. Il est certes difficile d’estimer le nombre d’enfants victimes de maltraitance en France. Trop de morts sont camouflées derrière un habillage d’accidents, de suicides ou autre mauvais sort du destin. L’association estime quant à elle que deux enfants meurent chaque jour en raison de violences. Les chiffres de l’INSEE corroborent une réalité insoupçonnée : 154 000 enfants ont été violés ou victimes d’attouchements sexuels en 2015. Soit 1 cas toutes les 3 minutes ! L’omerta sociale est prégnante.

Innocence en Danger appelle chacun à la vigilance à travers sa campagne numérique géante, en partenariat avec l’agence de communication Mc France. Plus de 1 500 photos d’enfants sur 60 comptes créés pour l’occasion. On est glacés d’effroi. Gageons que les internautes vont prendre le temps d’explorer ces histoires tragiques.

La question de la responsabilité collective posée avec conviction par Innocence en danger est fondamentale. Nous sommes à un tournant de notre société en mutation, les mentalités changent. Depuis toujours le principe de non-ingérence dans la vie privée est celui qui domine. Il se heurte à la loi qui est censée punir pour non-assistance à personne en danger. Or, aujourd’hui les limites des sphères privées et publiques sont brouillées, quand elles ne sont pas tout simplement effacées. Ce qui est visible et signifie violence ne peut plus être ignoré, faute de quoi la responsabilité de la maltraitance est partagée.

On ne peut que souscrire à la démarche d’Innocence en Danger, en soulignant toutefois que les limites de ce type de campagne sont la dénonciation abusive, les règlements de compte entre personnes, ou tout simplement l’erreur. C’est pourquoi une telle démarche citoyenne ne dédouane pas les pouvoirs publics qui doivent mettre en place une véritable politique de lutte contre les violences faites aux enfants, y compris lorsqu’ils sont simplement témoins de violences intra-familiales. La formation des professionnels de la santé, du secteur social et de l’enseignement est un préalable incontournable, car qui dit responsabilité collective, dit capacité de discernement.

Par Chantal Selva 10/04/2017