L’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé le 20 février Journée mondiale de la justice sociale. Le thème 2017 est « Prévenir les conflits et maintenir la paix par le travail décent ».
La quête de la justice sociale est en effet l’une des missions majeures de l’ONU en faveur de la dignité humaine et du développement durable. Le 10 juin 2008 elle a adopté la Déclaration de l’Organisation internationale du Travail sur la justice sociale pour une mondialisation équitable qui vise essentiellement à garantir à tous des conditions de vie équitables grâce à l’emploi, à la protection sociale, au dialogue social et au respect des principes et des droits fondamentaux au travail. Elle souligne que la justice sociale est une condition fondamentale de la coexistence pacifique et prospère des hommes au sein des nations et entre les nations elles-mêmes.
A l’heure où la tendance occidentale est au repli sur soi, et à la tentation de toutes sortes de populisme, cette journée mondiale devrait résonner fortement tant il est vrai que l’absence de justice sociale est au cœur de la crise que nous vivons. Force est de constater que nous n’en avons pas beaucoup entendu parler aujourd’hui. Ces journées mondiales de l’ONU peuvent paraître désuètes, inutiles, simples professions de foi, et pourtant, certaines d’entre elles ont le mérite de nous rappeler qu’une autre vision du monde est possible et que l’engagement citoyen peut nous permettre de changer un jour de paradigme.
La journée mondiale de la justice sociale est avant tout le rappel que le monde a changé. Nous sommes entrés dans l’ère, dite anthropocène, dans laquelle l’homme détruit ses systèmes écologiques vitaux. Nos modèles économiques traditionnels ont fait long feu, ils atteignent leurs limites. Il est donc essentiel d’adopter une nouvelle vision pour l’économie et de sa relation au reste du monde.
Nous devons mettre en place les moyens d’une économie qui prenne en compte les limites des ressources de la planète, qui place le bien-être humain au cœur de liens sociaux et de la justice sociale. Voilà ce à quoi la Journée mondiale de la justice sociale nous invite à réfléchir. Le but ultime n’est-il pas de parvenir à un bien-être durable au niveau mondial ? Encore faut-il renoncer à la consommation effrénée de biens matériels et l’obsession de la croissance, cette obsession que les convivialistes nomment « la pléonexie », c’est-à-dire le fait de « vouloir toujours plus sans fin ». Egoïsme et démesure sont la conséquence d’un néolibéralisme forcené qui ne cesse de creuser les fractures du lien social, d’ériger en modèle de réussite la toute-puissance de l’égo, et d’épuiser les ressources de la planète. La sensibilisation dans les écoles, dans les médias, les rencontres citoyennes, dans la durée, sont certainement le moyen le plus efficace de faire prendre conscience à chacun que nos actes individuels, petits ou grands, dans le quotidien contribuent à faire que le changement est possible.
Chantal Hincker, psychosociologue. 20/02/2017