Actualité olympique : l’association américaine SHOOTING TOUCH lauréate de la subvention « sport et société active » du CIO utilise son prix pour sensibiliser à la violence sexiste.

Une expérience dynamique et généreuse : fin 2016, comme chaque année, le CIO attribue quatre subventions de 20 000 USD à des organisations qui encouragent tout un chacun à travers le monde à pratiquer une activité physique régulière et à promouvoir les bienfaits du sport pour la santé et la société.

L’association à but non lucratif  SHOOTING TOUCH, basée à Boston, est l’une des lauréates pour 2016. Elle a pour but de mettre le sport au service du développement en faisant du basketball un levier pour former et responsabiliser les jeunes dans le monde. Sitôt récompensée par le CIO, les 20 000 USD en poche, elle organise un tournoi de basket 3×3 au Rwanda afin de sensibiliser à la violence sexiste.

Le 21 janvier 2017, SHOOTING TOUCH réunit 400 personnes dans le village de Kayonza, à l’ouest du Rwanda. Une centaine de joueurs et quelques 300 spectateurs où se mêlent des curieux autant que des représentants des médias de Kigali, des joueurs de l’équipe nationale de basketball, des professionnels de la santé et des organisations locales partenaires de SHOOTING TOUCH participent à un tournoi très enjoué. Les organisateurs en profitent pour lancer un débat entre joueurs et public sur la problématique de la violence sexiste. Rien n’est passé sous silence, la violence verbale, la violence physique, les agressions sexuelles, tout est dit ! Dénoncer ne suffit pas, chacun doit pouvoir trouver des réponses aux questions soulevées.  Les animateurs expliquent les moyens à la disposition des victimes, et des citoyens en général pour lutter contre ces comportements. Des dépliants, des magazines, des cahiers, des bracelets sont distribués comme autant d’ancrages positifs pour aider chacun à prendre conscience du problème et à agir conformément à la dignité humaine.  A la fin du tournoi, les organisateurs organisent une enquête évaluative afin de savoir ce qui a été retenu. Les résultats sont très encourageants.

La violence remonte à des expériences anciennes dans l’enfance, à des scènes dont les enfants ont été témoins ou victimes. Elle est alors profondément enkystée, non seulement dans l’inconscient, mais tout simplement dans le corps. Elle nous fait réagir au niveau de notre cerveau reptilien, là où siègent nos peurs et nos angoisses, au détriment de notre cortex, centre de notre capacité à anticiper et à changer.  Le sport dans un contexte positif, généreux, valorisant, met le corps en mouvement et permet d’évacuer ce qui a été enkysté de façon archaïque. L’accès à l’information par la parole échangée, et les outils de communication interviennent comme un renforcement positif de ce qui se dénoue. Alors le cortex peut jouer son rôle librement. Alors, oui, on peut gager sûrement que l’éducation à la lutte contre les violences peut transformer le monde.

Cette initiative de l’association SHOOTING TOUCH de Boston prend toute sa dimension quand on se rappelle le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. La violence traumatique de la guerre est enkystée dans l’histoire, dans la terre, dans les êtres qui en sont les victimes, notamment les enfants. Que fait-on pour les en libérer ? Le sport conçu comme lien social, comme mouvement puissant de la vie est sans nul doute une fabuleuse réponse.

Fabian Hincker, avocat, ancien sportif de haut niveau (football)