Le dernier livre de Dany-Robert Dufour apporte une réflexion concrète à tous ceux qui souhaitent agir la citoyenneté contre la violence.

L’auteur philosophe analyse les trois principaux délires politiques mortifères de notre époque qui nous conduisent droit dans le mur. Tout d’abord le délire occidental qui se caractérise par la pléonexie, c’est-à-dire le fait de « vouloir toujours plus sans fin ». Egoïsme et démesure sont la conséquence d’un néolibéralisme forcené qui ne cesse de creuser les fractures du lien social, d’ériger en modèle de réussite la toute-puissance de l’égo, et d’épuiser les ressources de la planète.

Le délire théo-fasciste de l’islamisme djihadiste se présente comme une réponse à la démesure de l’Occident qu’il convient d’éradiquer afin d’établir une pureté absolue. Il est totalement destructeur.

Enfin le troisième délire mortifère, le délire identitaire néo-fasciste monte partout en Europe, se donnant la fausse apparence d’être un rempart contre les deux autres délires. Contre la mondialisation néo-libérale destructrice d’emplois, il préconise le retour à une patrie fermée sur elle-même, qui désigne les étrangers comme des boucs émissaires, à refluer d’urgence au-delà de nos frontières.

Jamais dans l’histoire de l’humanité ces trois délires mortifères ne sont apparus en même temps. C’est dire combien nous vivons une situation explosive. Cependant, partout dans le monde, un homme nouveau est en train d’émerger. Un changement de paradigme s’impose, avec la mise en place d’une politique convivialiste.

Comment penser les dégâts de ces trois délires, et échapper à ces trois faux-Nous, quand l’Etat, les médias et l’Université sont en faillite ? Dany-Robert Dufour propose de reconstruire un vrai Nous universel en s’appuyant sur les quatre principes du Manifeste convivialiste, fondé sur une commune humanité, une commune socialité, l’individuation, et l’opposition maîtrisée et créatrice.

« Principe de commune humanité : par-delà les différences de couleur de peau, de nationalité, de langue, de culture, de religion ou de richesse, de sexe ou d’orientation sexuelle, il n’y a qu’une seule humanité, qui doit être respectée en la personne de chacun de ses membres.

Principe de commune socialité : les êtres humains sont des êtres sociaux pour qui la plus grande richesse est la richesse de leurs rapports sociaux.

Principe d’individuation : dans le respect de ces deux premiers principes, la politique légitime est celle qui permet à chacun d’affirmer au mieux son individualité singulière en devenir, en développant sa puissance d’être et d’agir sans nuire à celle des autres.

Principe d’opposition maîtrisée et créatrice : parce que chacun a vocation à manifester son individualité singulière il est naturel que les humains puissent s’opposer. Mais il ne leur est légitime de le faire qu’aussi longtemps que cela ne met pas en danger le cadre de commune socialité qui rend cette rivalité féconde et non destructrice. »

 

La recherche d’un convivialisme, d’un art de vivre ensemble qui permette aux humains de s’occuper les uns des autres, de prendre soin de la Nature, sans dénier la légitimité du conflit, mais en le transformant en un facteur de dynamisme et de créativité, est certainement le moyen de conjurer la violence et les pulsions de mort qui travaillent nos sociétés en profondeur.

 

Vous trouverez sur le site Lesconvivialistes.org un abrégé du Manifeste convivialiste, des textes, des débats, des réflexions d’internautes. L’IFRAV vous encourage à signer le manifeste.

Voir aussi :

www.journaldumauss.net/?Le-convivialisme-en-dix-questions

https://lectures.revues.org/6558

 

Par Chantal Selva, Secrétaire Générale de l’IFRAV